ASSOCIATIONS
EN DANGER !
ECOLE DE CIRQUE
dans le VAR
Je ne sais pas par où commencer...
À un moment donné il faut se jeter à l’eau... alors je vais faire ma part en témoignant...
Je suis directrice
pédagogique d'une école de cirque dans le VAR, nous existons depuis 17 ans,
nous avons 450 adhérents.
Notre gestion est totalement indépendante et tant
mieux.
Pas de local de la mairie, qu'une petite subvention
de 1000 euros (pour 450 adhérents... bref, le sujet n'est pas là), donc véritablement
indépendante !!
Notre association a
toujours travaillé en partenariat avec l'éducation nationale (17 ans), et
depuis toutes ces années nous avons dû accepter de faire des changements :
·
nous mettre aux normes de sécurités,
·
respecter les décrets imposés par
l'inspection académique,
·
se former
Et tout cela nous a permis de devenir de plus en plus
grands, (surtout en connaissance..).
Avant d'exprimer mon mécontentement, il faut que je
vous donne des éléments sur notre école de cirque pour mieux comprendre notre
problème qui est certainement le
problème de beaucoup d’associations.
Nos cours se déroulent toute la semaine, du lundi au
samedi, (le samedi matin est réservé à nos petits enfants autistes, je vous en
parle plus tard)
Notre école ouvre ses portes aux enfants de 3 ans à 58
ans !
Nous sommes 4 salariés à temps plein et environ 15
bénévoles tournent et s'impliquent dans notre association.
Durant la
journée, notre école peut recevoir les écoles maternelles, primaires et secondaires,
mais nous
avons aussi des IME, des foyers occupationnels et hôpitaux de jours etc.
Nous travaillons sur plusieurs communes pour nos
interventions (environ une 25 communes différentes) actuellement tout cela est
assez uniformisé et nous pouvons faire de bons projets, car tout le monde
débute à la même heure et termine à la même heure.
En cours annuels (fixe ) seules 2 villes peuvent
"profiter" de notre travail, nous avons 394 adhérents sur la commune
de S-P qui nous permet aussi une belle diversité car pour ces cours nous avons
aussi des enfants de T, M, mais aussi C, T, S, B, et…(plusieurs villes) belle
diversité mais c’est normal, S-P est notre siège social, mais nous avons
aussi 56 adhérents sur la V.
QUEL
IMPACT CETTE REFORME AURA SUR NOTRE ASSOCIATION ?
1er
point : le planning
Cela fait
4 réunions que nous essayons de nous organiser
pour avoir des réponses et surtout proposer un programme à nos adhérents (nous
avons plus d'un mois de retard sur notre organisation, sans compter la
surcharge de travail et de stress que cela nous procure.)
4 réunions de 1 h pour dire que nous nous partons vers
l'inconnu, pourquoi ?
Et bien le plus gros problème pour nous, les
associations, est que chaque mairie peut décider ce qu'elle veut. Certaines ont
décidé de terminer les cours à 15h30, d'autres à 16h, d'autres à 16h30, pour
corser le tout, ces écoles peuvent choisir l’après-midi où elles ne
travailleront pas.
Exemple : mercredi et jeudi pour S-V, mercredi et vendredi pour
B, mercredi et vendredi pour S-P !
Puis au moment que je vous écris, nous apprenons que S-P
devrait encore changer, et ils auraient décidé de finir de travailler le jeudi à
12h30 !
Mais comment voulez-vous que nous nous organisions, nous, les associations dans tout
cela ?
Il faut donc UNIFORMISER,
cela ne devrait pas être les mairies qui décident, mais le rectorat !
Qu’avons-nous
fait les associations pour survivre dans ce cafouillis ?
Nous voulions essayer de faire des cours plus tôt à
16h , mais pas possible, pas toutes les écoles fonctionnent comme cela, nous
allons donc débuter à 17h...
Nous avons cherché à « recaser » ces 40 enfants que nous perdons sur S-P, et
les
45 que
nous perdons sur L-V, impossible
!!!
Nous
sommes obligés de faire des cours en triple heureusement que notre salle
nous le permet !
Et que c'est chez nous ! (enfin presque) Nous avons
réussi à "caser" 30 enfants et que faire des 55 autres ? Que faire
!
Je ne peux
plus ouvrir un créneau sur la ville de L- V, car me
déplacer pour 15 enfants l'après-midi cela ne vaut pas le coup (dans le sens où
je serai obligée de faire payer à mes adhérents de L-V le coût du chargement , déplacement et autres
et cela uniquement pour les 15 enfants !
Sans compter la fatigue que mon animatrice aurait !
Donc non,
on annule, la ville de L-V ne pourra
plus avoir de cours de cirque pour l'année 2014 -2015 (c'est
vraiment pas discriminant ça ? )
Sur S-P, nous risquons
de supprimer nos cours de cirque-adapté pour nos enfants autistes qui ne sont que 4 à 6 par groupes, cela touche
donc que 10 à 12 enfants, mais, nous
ici dans notre école, on fait pas des cours de cirque-adapté pour le
« Fric » sinon j’aurais arrêté, c’est parce que nous avons des
enfants différents qui ont besoin de plus de temps, plus de calme, plus
d’encadrement et surtout moins d’effectif par groupes, pour mieux s’intégrer et
s'épanouir!
Mais je ne pourrai plus !
NON, je ne pourrai plus accueillir ces enfants handicapés car entre 12 enfants
et 30 enfants, on n'a pas le choix !
Le conseil d’administration a proposé d'ouvrir 3 cours
le samedi matin pour accueillir 30 enfants mais il en reste encore 25 sur le carreau ! Je ne peux
pas faire mieux !
Bilan :
outre le fait que nous perdons environ
25 enfants, sans compter le nombre de parents qui refuseront de payer une activité pour leur enfant le samedi matin
car cela coupe le W-E, sans compter ceux qui estiment que : « vu
qu'ils vont payer des activités occupationnelles durant la semaine, leur enfant
ne fera pas d'autre activité même si
celle-ci est encadrée par des personnes compétentes.
2ème
point : la législation
Pour
intervenir dans les écoles maternelles ou primaires ou encore
secondaires,
- le rectorat
me demande ce qui suit :
·
l'école de cirque doit être fédérée et agrée par la FFEC, fédération française des écoles de cirque
·
l'école de cirque doit être agrée par l'inspection
académique
·
l'école de cirque doit être agrée par la direction régionale
des sports
·
l’école de cirque doit avoir une assurance
couvrant ses intervenants, les enfants et le matériel
·
Bien sûr, l'école de cirque doit avoir du
personnel qualifié et diplômé : tous
les intervenants doivent avoir un BIAC mais aussi le BPJEEPS option cirque, ou encore un DMA
diplôme des métiers des arts.
- Pour la sécurité
:
L'école de
cirque est responsable et doit vérifier que l'animateur respecte les consignes
de sécurité imposées par la FFEC mais aussi imposées par l’éducation
nationale qui sont :
·
le matériel doit être adapté à l’âge, la
taille, à la capacité et la compréhension de l'enfant.
·
l'animateur doit veiller à ce que la tenue
de sport soit adaptée à l'activité
·
l'animateur doit avoir 10 enfants de 3 ans à 5 ans et 15 enfants de plus de 6 ans.
Et
tout cela fait partie d'un projet éducatif et pédagogique.
Et puisque nous parlons de sécurité : comment
allons-nous identifier ce personnel supplémentaire, est-ce que ces intervenants
feront l’objet d’une attention particulière comme nous le faisons dans notre
école de cirque, puisque nous vérifions
que le casier judiciaire soit compatible avec les enfants par exemple
?
Alors comment les écoles ou les mairies vont-elles assurer
cette sécurité ?
Comment va se dérouler la fin des cours ?
L’école se termine à 15h30, la maîtresse sera forcée
de terminer sa séance bien avant car l’animateur doit commencer ses séances à
15h30 !
Bilan :
outre le fait que les mairies demandent de prendre 13 enfants de 3- 5 ans et
18 enfants
pour les 6 - 12 ans (soit
3 enfants de plus que ce que ma fédération m'oblige à avoir ! )
Outre le fait que très peu d'enfants pourront être en
tenue de sport, car cela fait 17 ans que nous intervenons dans les écoles et
nous avons encore du mal, malgré l'aide des enseignants, à faire respecter cela,
alors imaginez dans ces activités... qui
sera responsable ?
Nous avons une société
procédurière !!
Alors croyez-moi, si l’assurance apprend que je
pratique sans une tenue de sport adaptée,
demain j’ai 15 procès sur le dos !
Outre l'espace proposé, les écoles n'ont toujours pas
leur propre salle de motricité, donc souvent, très souvent ce type d'intervention se fera dans les couloirs de l’école, avec un
passage incessant !
Vraiment
pédagogique !!
3ème
point : le coût
Ces interventions nous sont proposées pour un prix
extraordinaire soit de 23 euros de l'heure tout compris.
Waouhhh déplacement, temps de travail sur un projet
pédagogique, incluant les réunions avec les mairies, les bilans, mais aussi les
trajets etc.. Pour la maudite somme de : 23 euros !
Bilan :
donc en fait, je dois faire « don »
à la mairie (car c'est la mairie l'employeur) je dois fermer les yeux sur le
temps de chargement, le trajet, le déchargement, puis encore le chargement, le
trajet et le déchargement.
Bref, je paie comment mon animateur ?
Je lui demande de faire du bénévolat ?
Ah ! bien sûr c'est une association, oui ! Mais
qui emploie du personnel qualifié !
4ème
point : les diplômes
Comme je le disais plus haut, l’éducation nationale nous
a obligés avec le temps (et tant mieux) à nous qualifier, trouver du
personnel diplômé, s’épanouir sur des
projets pédagogiques, et donc pour toutes les interventions que nous faisons
dans les écoles nous avons l’obligation de fournir la copie des diplômes :
BPJES, DMA, BIAC, brevet de secourisme.
Si nous partons dans l'hypothèse que les écoles de
cirque puissent ne pas accepter de faire ces interventions pour le tarif qu'il
nous a été proposé, qui va faire les cours de cirque ?
Car ne me
dites pas qu’un BAFA option cirque c’est la même chose que le BPJES !
Ne me
dites pas qu'apprendre à jongler tout le monde peut le faire !
Bilan :
Allez soyons fous...
Admettons que les animateurs BAFA avaient leur BIAC (brevet
d'initiation des arts du cirque) et bien cela reste tout de même un problème !
Ce diplôme a une valeur uniquement Fédérale et valable légalement uniquement si
l'animateur travaille dans une école de cirque fédéré et agrée à la FFEC, sinon ce brevet n'est pas
valable, car ce n'est pas un diplôme d'état c’est un brevet fédéral !
L’animateur
ne peut officiellement qu'être diplômé en BPJES cirque ou en DMA !
Mon avis
de directrice pédagogique et de maman,
cette réforme ne fera pas le bien de nos
enfants !
Ont-ils pensé aussi à ces mères qui se sont battues
pour avoir leur mercredi de libre pour être avec leur enfant ?
Combien de mamans vont essayer de renégocier avec leur
patron leur emploi du temps ?
Donc résultat, moins de temps avec leur enfant !
Bravo, pour une réforme qui se veut bénéfique pour
l'enfant, nos politiciens se moquent pas mal de la cellule familiale, source de
bien-être de l'enfant !
Voilà mon témoignage... si cela peut aider !
Très peu d'associations n'osent parler,
car elles sont
quasiment
toutes dépendantes d'un financement communal !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire