mercredi 6 août 2014

Association en danger - confidences

ASSOCIATIONS EN DANGER !  
ECOLE DE CIRQUE dans le VAR


Je ne sais pas par où commencer...  
À un moment donné il faut se jeter à l’eau... alors je vais faire ma part en témoignant...

Je suis directrice pédagogique d'une école de cirque dans le VAR, nous existons depuis 17 ans, nous avons 450 adhérents. 
Notre gestion est totalement indépendante et tant mieux. 
Pas de local de la mairie, qu'une petite subvention de 1000 euros (pour 450 adhérents... bref, le sujet  n'est pas là), donc véritablement indépendante !!

Notre association a toujours travaillé en partenariat avec l'éducation nationale (17 ans), et depuis toutes ces années nous avons dû accepter de faire des changements :
·         nous mettre aux normes de sécurités,
·         respecter les décrets imposés par l'inspection académique,
·         se former  

Et tout cela nous a permis de devenir de plus en plus grands, (surtout en connaissance..).

Avant d'exprimer mon mécontentement, il faut que je vous donne des éléments sur notre école de cirque pour mieux comprendre notre problème qui est certainement le problème de beaucoup d’associations.

Nos cours se déroulent toute la semaine, du lundi au samedi, (le samedi matin est réservé à nos petits enfants autistes, je vous en parle plus tard)
Notre école ouvre ses portes aux enfants de 3 ans à 58 ans !
Nous sommes 4 salariés à temps plein et environ 15 bénévoles tournent et s'impliquent dans notre association.

Durant la journée, notre école peut recevoir les écoles maternelles, primaires et secondaires,
mais nous avons aussi des IME, des foyers occupationnels et hôpitaux de jours etc. 
Nous travaillons sur plusieurs communes pour nos interventions (environ une 25 communes différentes) actuellement tout cela est assez uniformisé et nous pouvons faire de bons projets, car tout le monde débute à la même heure et termine à la même heure.
En cours annuels (fixe ) seules 2 villes peuvent "profiter" de notre travail, nous avons 394 adhérents sur la commune de S-P qui nous permet aussi une belle diversité car pour ces cours nous avons aussi des enfants de T, M, mais aussi C, T, S, B, et…(plusieurs villes) belle diversité mais c’est normal, S-P est notre siège social, mais nous avons aussi 56 adhérents sur la V.

QUEL IMPACT CETTE REFORME AURA SUR NOTRE ASSOCIATION ?

1er point : le planning

Cela fait 4 réunions que nous essayons de nous organiser pour avoir des réponses et surtout proposer un programme à nos adhérents (nous avons plus d'un mois de retard sur notre organisation, sans compter la surcharge de travail et de stress que cela nous procure.)
4 réunions de 1 h pour dire que nous nous partons vers l'inconnu, pourquoi ? 
Et bien le plus gros problème pour nous, les associations, est que chaque mairie peut décider ce qu'elle veut. Certaines ont décidé de terminer les cours à 15h30, d'autres à 16h, d'autres à 16h30, pour corser le tout, ces écoles peuvent choisir l’après-midi où elles ne travailleront pas.

Exemple : mercredi et jeudi pour S-V, mercredi et vendredi pour B, mercredi et vendredi pour S-P !
Puis au moment que je vous écris, nous apprenons que S-P devrait encore changer, et ils auraient décidé de finir de travailler le jeudi à 12h30 !
Mais comment voulez-vous que nous nous organisions, nous, les associations dans tout cela ?

Il faut donc UNIFORMISER, cela ne devrait pas être les mairies qui décident, mais le rectorat !

Qu’avons-nous fait les associations pour survivre dans ce cafouillis ?
Nous voulions essayer de faire des cours plus tôt à 16h , mais pas possible, pas toutes les écoles fonctionnent comme cela, nous allons donc débuter à 17h...
Nous avons cherché à « recaser » ces 40 enfants que nous perdons sur S-P, et les
45 que nous perdons sur L-V, impossible !!!

Nous sommes obligés de faire des cours en triple  heureusement que notre salle nous le permet !
Et que c'est chez nous ! (enfin presque) Nous avons réussi à "caser" 30 enfants et que faire des 55 autres ? Que faire !
Je ne peux plus ouvrir un créneau sur la ville de L- V, car me déplacer pour 15 enfants l'après-midi cela ne vaut pas le coup (dans le sens où je serai obligée de faire payer à mes adhérents de L-V  le coût du chargement , déplacement et autres et cela uniquement pour les 15 enfants !
Sans compter la fatigue que mon animatrice aurait !
Donc non, on annule,  la ville de L-V ne pourra plus avoir de cours de cirque pour l'année 2014 -2015 (c'est vraiment pas discriminant ça ? ) 

Sur S-P, nous risquons de supprimer nos cours de cirque-adapté pour nos enfants autistes qui ne sont que 4 à 6 par groupes, cela touche donc que 10 à 12 enfants, mais, nous ici dans notre école, on fait pas des cours de cirque-adapté pour le « Fric » sinon j’aurais arrêté, c’est parce que nous avons des enfants différents qui ont besoin de plus de temps, plus de calme, plus d’encadrement et surtout moins d’effectif par groupes, pour mieux s’intégrer et s'épanouir!
Mais je ne pourrai plus !
NON, je ne pourrai plus accueillir ces enfants handicapés car entre 12 enfants et 30 enfants, on n'a pas le choix !

Le conseil d’administration a proposé d'ouvrir 3 cours le samedi matin pour accueillir 30 enfants mais il en reste encore 25 sur le carreau ! Je ne peux pas faire mieux !

Bilan : outre le fait que nous perdons environ 25 enfants, sans compter le nombre de parents qui refuseront de payer une activité pour leur enfant le samedi matin car cela coupe le W-E, sans compter ceux qui estiment que : « vu qu'ils vont payer des activités occupationnelles durant la semaine, leur enfant ne fera pas d'autre activité même si celle-ci est encadrée par des personnes compétentes.

2ème point :  la législation

Pour intervenir dans les écoles maternelles ou primaires ou encore secondaires,
- le rectorat me demande ce qui suit : 
·         l'école de cirque doit être fédérée et agrée par la FFEC, fédération française des écoles de cirque
·         l'école de cirque doit être agrée par l'inspection académique
·         l'école de cirque doit être agrée par la direction régionale des sports
·         l’école de cirque doit avoir une assurance couvrant ses intervenants, les enfants et le matériel
·         Bien sûr, l'école de cirque doit avoir du personnel qualifié et diplômé : tous les intervenants doivent avoir un BIAC mais aussi  le BPJEEPS option cirque, ou encore un DMA diplôme des métiers des arts.

- Pour la sécurité
L'école de cirque est responsable et doit vérifier que l'animateur respecte les consignes de sécurité imposées par la FFEC mais aussi imposées par l’éducation nationale qui sont : 
·         le matériel doit être adapté à l’âge, la taille, à la capacité et la compréhension de l'enfant. 
·         l'animateur doit veiller à ce que la tenue de sport soit adaptée à l'activité
·         l'animateur doit avoir 10 enfants de 3 ans à 5 ans et 15 enfants de plus de 6 ans.

Et tout cela fait partie d'un projet éducatif et pédagogique.

Et puisque nous parlons de sécurité : comment allons-nous identifier ce personnel supplémentaire, est-ce que ces intervenants feront l’objet d’une attention particulière comme nous le faisons dans notre école de cirque, puisque nous vérifions que le casier judiciaire soit compatible avec les enfants par exemple ?

Alors comment les écoles ou les mairies vont-elles assurer cette sécurité ?
Comment va se dérouler la fin des cours ? 
L’école se termine à 15h30, la maîtresse sera forcée de terminer sa séance bien avant car l’animateur doit commencer ses séances à 15h30 !

Bilan : outre le fait que les mairies demandent de prendre 13 enfants de 3- 5 ans et
18 enfants pour les 6 - 12 ans (soit 3 enfants de plus que ce que ma fédération m'oblige à avoir !  )
Outre le fait que très peu d'enfants pourront être en tenue de sport, car cela fait 17 ans que nous intervenons dans les écoles et nous avons encore du mal, malgré l'aide des enseignants, à faire respecter cela, alors imaginez dans ces activités... qui sera responsable ?
Nous avons une société procédurière !!
Alors croyez-moi, si l’assurance apprend que je pratique sans une tenue de sport adaptée,
demain j’ai 15 procès sur le dos !
Outre l'espace proposé, les écoles n'ont toujours pas leur propre salle de motricité, donc souvent, très souvent ce type d'intervention se fera dans les couloirs de l’école, avec un passage incessant !

Vraiment pédagogique !! 

3ème point : le coût

Ces interventions nous sont proposées pour un prix extraordinaire soit de 23 euros de l'heure tout compris.
Waouhhh déplacement, temps de travail sur un projet pédagogique, incluant les réunions avec les mairies, les bilans, mais aussi les trajets etc.. Pour la maudite somme de : 23 euros !

Bilan : donc en fait, je dois faire « don » à la mairie (car c'est la mairie l'employeur) je dois fermer les yeux sur le temps de chargement, le trajet, le déchargement, puis encore le chargement, le trajet et le déchargement.
Bref, je paie comment mon animateur ?
Je lui demande de faire du bénévolat ?
Ah ! bien sûr c'est une association, oui ! Mais qui emploie du personnel qualifié ! 

4ème point : les diplômes

Comme je le disais plus haut, l’éducation nationale nous a obligés avec le temps (et tant mieux) à nous qualifier, trouver du personnel diplômé,  s’épanouir sur des projets pédagogiques, et donc pour toutes les interventions que nous faisons dans les écoles nous avons l’obligation de fournir la copie des diplômes : BPJES, DMA, BIAC, brevet de secourisme.

Si nous partons dans l'hypothèse que les écoles de cirque puissent ne pas accepter de faire ces interventions pour le tarif qu'il nous a été proposé, qui va faire les cours de cirque ? 
Car ne me dites pas qu’un BAFA option cirque c’est la même chose que le BPJES !
Ne me dites pas qu'apprendre à jongler tout le monde peut le faire !

Bilan : Allez soyons fous...
Admettons que les animateurs BAFA avaient leur BIAC (brevet d'initiation des arts du cirque) et bien cela reste tout de même un problème ! Ce diplôme a une valeur uniquement Fédérale et valable légalement uniquement si l'animateur travaille dans une école de cirque fédéré et agrée à la FFEC, sinon ce brevet n'est pas valable, car ce n'est pas un diplôme d'état c’est un brevet fédéral !
L’animateur ne peut officiellement qu'être diplômé en BPJES cirque ou en DMA ! 

Mon avis de directrice pédagogique et de maman, 
cette réforme ne fera pas le bien de nos enfants !

Ont-ils pensé aussi à ces mères qui se sont battues pour avoir leur mercredi de libre pour être avec leur enfant ?
Combien de mamans vont essayer de renégocier avec leur patron leur emploi du temps ?
Donc résultat, moins de temps avec leur enfant !
Bravo, pour une réforme qui se veut bénéfique pour l'enfant, nos politiciens se moquent pas mal de la cellule familiale, source de bien-être de l'enfant !

Voilà mon témoignage... si cela peut aider !

Très peu d'associations n'osent parler, car elles sont

quasiment toutes dépendantes d'un financement communal !


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